poèmes travaillés en classe
mon cartable
Demain, dès l’aube…
Demain, dès l’aube…Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne,Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends.J’irai par la forêt, j’irai par la montagne.Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.Je ne regarderai ni l’or du soir qui tombe,Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,Et quand j’arriverai, je mettrai sur ta tombeUn bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.Victor Hugo (1802-1885)
Le chant des marais
voici que la saison
matin d’octobre
le corbeau et le renard
le sapin de noël
en hiver la terre pleure
le dormeur du val
Le dormeur du valC’est un trou de verdure où chante une rivièreAccrochant follement aux herbes nues des haillonsD’argent ; où le soleil, de la montagne fière,Luit : c’est un petit val qui mousse de rayons.Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,Dort ; il est étendu dans l’herbe sous la nue,Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant commeSourirait un enfant malade, il fait un somme :Nature, berce-le chaudement : il a froid.Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrineTranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.Arthur Rimbaud, 1870
le printemps
l’albatros
L’AlbatrosSouvent, pour s’amuser, les hommes d’équipagePrennent des albatros, vastes oiseaux des mers,Qui suivent, indolents compagnons de voyage,Le navire glissant sur les gouffres amers.A peine les ont-ils déposés sur les planches,Que ces rois de l’azur, maladroits et honteux,Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches,Comme des avirons traîner à côté d’eux.Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !Lui, naguère si beau, qu’il est comique et laid !L’un agace son bec avec un brûle-gueule,L’autre mime, en boitant, l’infirme qui volait !Le Poète est semblable au prince des nuéesQui hante la tempête et se rit de l’archer ;Exilé sur le sol au milieu des huées,Ses ailes de géant l’empêchent de marcher.Charles Baudelaire (1821-1867)
La biche
La bicheLa biche brame au clair de luneEt pleure à se fondre les yeux :So petit faon délicieuxA disparu dans la nuit brune.Pour raconter son infortuneA la forêt de ses aïeux,La biche brame au clair de luneEt pleure à se fondre les yeux.Mais aucune réponse, aucune,A ses longs appels anxieux !Et, le cou tendu vers les cieux,Folle d’amour et de rancune,La biche brame au clair de lune.Maurice Rollinat (1846-1903)